Lors de la Rentrée des Leaders qui a eu lieu le 7 septembre 2023 à Rochexpo, l’agence Texto a eu le plaisir d’assister à la conférence de Philippe Dessertine. Enseignant à l’IAE de Paris, ainsi qu’à l’Université Paris I Panthéon, cet économiste influent intervient régulièrement dans les médias pour discuter des enjeux économiques contemporains. Lors de l’évènement organisé par la CPME74, il a eu le mérite, pendant près de deux heures, de tenir en haleine et de captiver un public composé de dirigeants et de décideurs haut-savoyards.
L’inflation, un phénomène inquiétant
Philippe Dessertine a débuté la conférence en abordant le phénomène inflationniste, dont il estime que les entreprises ne prennent pas suffisamment la mesure. Selon lui, ce phénomène est absolument majeur, d’autant plus que beaucoup d’entreprises ont vécu deux belles années de business et qu’elles ont de la trésorerie à disposition. Dans ce contexte, « le plus gros danger, c’est qu’il y ait concurrence en baisse des prix, ce qui entraînerait pour certaines entreprises une diminution de leurs marges et une potentielle mise en difficulté. »
L’économiste a particulièrement insisté sur un point : « en période d’inflation, on ne se concurrence plus en baissant les prix. » C’est d’autant plus vrai en Haute-Savoie, département confronté à la concurrence suisse, notamment au niveau du recrutement. « Il faut au contraire chercher à monter en qualité et augmenter les prix pour répercuter l’augmentation des coûts. »
Investir pour produire de la richesse
Rappelons que l’inflation, c’est la monnaie qui se dévalue. Plus le temps passe, plus il y a perte de richesse et perte de confiance en la monnaie. « L’inflation, c’est le calvaire des épargnants, qui ont tendance à se tourner vers les valeurs refuges telles que la pierre ou l’or. » Pourtant, pour créer de la richesse - donc de la croissance - il faut inciter à l’investissement. Pour les banques, une seule solution : augmenter les taux d’intérêt bien au-dessus de l’inflation, afin que les investisseurs ne se détournent pas de la monnaie.
Le dérèglement climatique en toile de fond
« Le vrai problème de notre époque, c’est le dérèglement climatique » précise Philippe Dessertine. Ce problème impose de mettre en place un nouveau modèle économique, qui permettrait, selon lui, d’envisager de nouvelles perspectives de création de valeur.
Actuellement, nous faisons face à la fin de deux cycles : la fin de la domination de l’Occident et la fin du cycle associé à l’économie industrielle. Au début du 19e siècle, la révolution industrielle avait en effet accompagné la croissance démographique liée aux progrès de la médecine et à la diminution de la mortalité infantile. Les innovations technologiques se sont multipliées, favorisant l’industrialisation. Principalement composée d’une population jeune, la société ne demandait qu’à consommer des produits physiques.
Aujourd’hui, la donne est différente, la croissance démographique est désormais liée au fait que nous mourrons de plus en plus vieux… Et plus l’humanité vieillit, plus l’activité économique est une activité de services. Pour mémoire, le PIB mondial est actuellement composé à 75 % de services et de 20 % d’industrie.
L’IA générative, un bouleversement de toutes les chaines de valeur
Tout changement de modèle économique suppose une révolution scientifique. Celle-ci est en marche depuis quelques années avec les algorithmes qui participent au développement durable. Selon Philippe Dessertine, « nous sommes à un moment historique où la science est en train de proposer exactement ce dont les humains avaient besoin : l’intelligence artificielle générative. » Face à cette humanité qui vieillit, l’IA générative va permettre de libérer les humains pour qu’ils se concentrent sur autre chose. Une aubaine à l’heure où tout l’Occident se plaint de ne pas arriver à recruter !
Aujourd’hui, l’IA apparaît comme une solution pour le dérèglement climatique car, avec la captation de la DATA, c’est-à-dire de l’information extra-financière, les entreprises peuvent « démontrer que leur fonctionnement est vertueux et qu’elles sont capables de proposer une nouvelle rentabilité ». Et c’est précisément ce que recherchent les investisseurs : le financement repose désormais sur le stockage de données positives en développement durable. La création de valeur n’est plus calculée en fonction du chiffre d’affaires, des bénéfices et des dividendes, mais grâce à la mesure d’impact. La finance d’impact est désormais au cœur de ce changement de modèle économique, rééquilibrant le système entre création de monnaie et création de nouvelle richesse.
Lors de cette conférence, Philippe Dessertine a offert aux dirigeants et décideurs de la Haute-Savoie une vision novatrice et optimiste du changement de modèle économique, mettant en avant la nécessité de prendre en compte les enjeux écologiques, sociaux et financiers pour garantir un avenir durable et prospère. En fin de compte, sa vision pourrait contribuer à façonner un monde économique plus équilibré et résilient pour les générations futures.